L'histoire se situe dans un contexte particulier, le tournage du dernier film de Murnau dans les années 1930 touché alors par une malédiction sur les îles idylliques des marquises, de Tahiti et Bora Bora. Mythes ou réalité ? Impossible de le savoir. L'auteur entretien tout du long de ce roman le côté fantastique que procurent les paysages merveilleux des îles au sud du pacifique et la réalité du tournage du film Tabou. Tout du long, on ne sait pas si les faits décrits sont vrais, si les pensées ont été pensées, si les actes ont été commis. Le lecteur est perdu dans ce réel imaginaire. Le film a réellement été tourné et les drames véritablement vécus, mais le reste est-il fiction ou réalité ?
[…] ici, à Bora Bora, c’est le poète qui paraissait manquer d’audace face à la démesure sidérante du monde. Ici, l’artiste prenait une leçon de folie créatrice, il découvrait la réalité submergé par le rêve. »
Autre le côté fantasmagorique, ce livre pousse le lecteur dans une réflexion extrêmement profonde. Il met le doigt sur de simples évidences. La société moderne est critiquée. L’auteur nous ramène à l'essentiel avec les descriptions de paysages fantastiques et la description des coutumes locales que l'on sent très bien étudiés. Un retour à la nature et au tout.
« La modernité, urbaine et industrielle, avait développé entre les hommes et le monde un tissu de symboles et de choses, une toile de mots et d’habitudes qui nous avait fait basculer hors de l’état de nature, sans espoir de retour. Nous étions créatures d’artifice. Nous étions créatures d’horreur également. »
Ce livre a pour thème le cinéma oui, mais pas le cinéma avec les plateaux les acteurs, les actions, les coupés, ... mais le cinéma en tant que Art. Le 7ème art selon Murnau. Avec cette lecture, on plonge dans l'œuvre décrite comme une peinture mouvante. Il est question de couleur, de lumière, de celle qui crée le mouvement, de l'ombre en tant que lumière et du vide qui remplit l'espace. Mais aussi de l'art de capturer les images, le mouvement, la beauté, la vie, la musique, les moments de communion et toujours l'ombre, la lumière, la matière et le vide. En plongeant dans ce livre, on plonge dans une toile d'un artiste-peintre. On vit sa construction jusqu'au dernier coup de pinceau.
On comprend avec Murnau des ténèbres toute la dimension artistique du cinéma que je ne verrai décidément plus jamais pareil.
Pour finir, l'auteur a couché sur le papier des phrases magnifiques. Il utilise un langage soutenu non pas pour la forme, mais pour le style pour mieux accompagner et transmettre la dimension artistique. Les paysages sont embellis, les ombres d'autant plus effrayantes ou lumineuses par les mots.
Alors si vous voulez la réponse à la question : est-ce que le résumé est vrai ? La réponse est oui.